Een voorbeeld van een participatieve en onderhandelde evaluatie: De Biënnale Samen voor Gezondheid – Ensemble pour la Santé 2017

GEORGIN ESTELLE, VANDOORNE C.

La Biennale, le projet

Les 1e et 2 décembre 2017 avait lieu la première Biennale « Ensemble pour la santé » – « Samen voor gezondheid », une initiative de la Plateforme d’Action Santé et Solidarité (PASS). Le projet initial est né de la réflexion d’une trentaine d’organisations flamandes, wallonnes et bruxelloises, issues du secteur de la promotion de la santé, mais aussi des soins primaires, du logement, de la mobilité, de la culture… Une dynamique de co-construction est alors lancée pour mener à bien ce projet.

Ces partenaires partagent une même préoccupation : réduire les inégalités sociales de santé, améliorer la santé et le bien-être de la population. La problématique des inégalités sociales de santé est complexe : elle mobilise une multitude de facteurs sociaux et économiques, plus communément appelés les déterminants sociaux de la santé. Elle est donc intersectorielle et transversale[1].

Dès lors, pour contribuer à la réduction des inégalités sociales, la priorité est mise sur la collaboration et la mobilisation d’acteurs issus de secteurs variés. La volonté s’est rapidement dégagée de privilégier les projets locaux innovants et mis en œuvre par une démarche participative. Ces initiatives représentées lors de la Biennale ont été sélectionnées pour leur contribution à une meilleure santé et à une plus grande justice sociale.

Dans cet esprit de décloisonnement de la santé, les organisateurs souhaitaient que se créent des ponts entre les acteurs exerçant sur le terrain local, la recherche et les acteurs politiques.
La Biennale, les objectifs

1. Mettre en évidence les facteurs sociaux (logement, culture, environnement, éducation…) comme déterminants majeurs de la santé.

2. Mettre en valeur les dynamiques et stratégies d’action qui ont un impact sur ces déterminants sociaux de la santé, qui sont mises en œuvre à un niveau local et à travers des démarches participatives. Il s’agissait de contribuer à la visibilité et la reconnaissance de ces démarches, par le grand public et par les élus et d’être un moment d’interpellation du politique pour montrer que des alternatives existent et fonctionnent, en vue d’obtenir son soutien.

3. Permettre l’échange de savoirs et d’expériences entre acteurs dans le but de renforcer les compétences et les actions.

4. Mettre en valeur l’impact des actions locales et participatives à travers la recherche scientifique (existante ou à mettre en œuvre).

5. Créer des liens solidaires entre acteurs, citoyens, professionnels et élus, provenant des différentes régions de Belgique et de différents secteurs. Ces liens se baseront sur des valeurs communes dans le but d’un mieux-être pour tous.

6. Identifier les conditions nécessaires au développement des actions locales et notamment mettre en évidence les stratégies mises en œuvre à différents niveaux de décision (fédéral, régional, communautaire, communal).

La Biennale, une évaluation participative et négociée

Le projet étant d’organiser ces rencontres sous la forme de Biennales, une évaluation a d’emblée été jugée nécessaire. Les finalités en étaient multiples, allant d’une prise de décision sur l’opportunité de mettre en place la biennale suivante jusqu’aux constats de résultats en terme de développement de pratiques et politiques nouvelles visant à agir sur les déterminants sociaux de la santé. Et cela, en passant par une analyse de la satisfaction des participants, une analyse des éléments des contenus des échanges à valoriser et une analyse des processus de co-construction parmi les organisateurs. Dès le début du processus de construction du projet, l’APES-ULiège (Appui en Promotion et Education pour la Santé) a donc été associée à la réflexion.

En concordance avec cette dynamique participative et de co-construction, une démarche d’évaluation participative et négociée a été mise en place. On entend par évaluation participative toute évaluation qui engage les différents protagonistes d’un projet dans la planification et la réalisation de l’évaluation[2]. Dès lors, sa particularité est d’inclure un panel varié de parties prenantes dans le processus évaluatif, depuis la formulation des questionnements évaluatifs jusqu’à la diffusion des résultats[3].

Les enjeux rencontrés par les approches d’évaluation participative sont nombreux, ils s’organisent autour de trois axes. L’axe politique orienté sur les acteurs, met l’accent sur l’autodétermination, l’émancipation des acteurs, le renforcement de leurs capacités, la justice sociale et l’équité ou la démocratisation de la décision publique. L’évaluation émancipatrice (Fetterman) fait partie de cette catégorie d’évaluation participative. L’axe opérationnel est orienté sur le processus évaluatif et l’accent est mis sur l’utilisation des résultats et l’amélioration de l’efficacité des programmes et politiques, comme par exemple, l’évaluation axée sur l’utilisation (Patton). L’axe pluraliste ou constructiviste met l’accent sur la qualité et la pertinence de la connaissance produite par l’intégration des aspirations, valeurs et préoccupations de la diversité des acteurs de l’évaluation (Stake).

Construction d’une démarche d’évaluation

Appliquer une démarche d’évaluation participative et négociée allait de soi pour être en convergence avec la volonté de co-construction de cet événement. Ce projet d’évaluation a suscité la participation et une réflexion importante d’un grand nombre de parties prenantes de cette organisation. Remarquons toutefois que mener un tel processus, du début à la fin, nécessite un investissement en temps important de la part des personnes impliquées. Dans le cas présent, cet investissement a été fluctuant, la mise en place des processus participatifs de la journée et du recrutement des participants ayant déjà mobilisé de nombreuses énergies. Effectivement, face à l’ampleur du travail, les parties prenantes mettent la priorité sur la préparation de l’évènement plutôt que sur la préparation de l’évaluation.

Néanmoins, une des richesses de ce processus a sans aucun doute été la diversité des acteurs et des parties prenantes ayant participé à la co-construction de cet évènement et de son évaluation. Cette participation élargie d’acteurs aux profils variés a permis une meilleure compréhension du sens et des objectifs du projet.

En vue de mieux préparer l’évaluation, plusieurs réunions ont eu lieu soit avec le Comité de pilotage soit avec un groupe restreint de parties prenantes issues dudit Comité. En mars 2017, une réunion du Comité de pilotage a été consacrée à l’évaluation. Le but était de donner aux parties prenantes la possibilité de s’engager activement dans le processus en leur permettant d’exprimer leurs attentes à ce propos.

L’appui méthodologique de l’APES-ULiège a été facilitateur dans la réalisation des étapes du processus décrites ci-dessous.
Définition du contenu de l’évaluation

Les premiers comités de pilotage, sortes de brainstorming d’idées sur les modalités de co-construction des journées et sur les contenus thématiques ont abouti à la définition des objectifs et des attentes de la Biennale.

Lors du Comité de pilotage sur l’évaluation, les participants ont identifié les résultats attendus selon les acteurs concernés, ainsi que les objets et les critères d’évaluation. Les objectifs ont également été examinés en vue de nourrir et de formuler les questionnements évaluatifs. Ces derniers étant les questions auxquelles l’ensemble des activités d’évaluation tente de répondre. La co-construction de la réflexion sur les critères et sur les indicateurs en a assuré l’appropriation par les participants. De plus, ce travail a garanti la pertinence de la collecte et de l’analyse des données.

Ainsi, les questionnements évaluatifs ont été élaborés progressivement sur base des différents acquis de la participation et également en concordance avec les objectifs définis par le Comité de pilotage. Les membres du groupe de travail « évaluation » ont été impliqués dans la définition finale des questions auxquelles ils souhaitaient obtenir des réponses à l’issue de cette évaluation.

Au total, 12 questions évaluatives (QE) ont été formulées, cinq d’entre elles portaient sur des éléments de processus et de résultats à court terme à la fin des deux journées. Une enquête de satisfaction a été réalisée en vue de répondre à ces questionnements. Les autres questions évaluatives portaient sur le contenu des réalisations des participants durant les deux journées.

Questionnements évaluatifs ayant fait l’objet d’une enquête de satisfaction auprès des participants

QE 1. La biennale a-t-elle été un lieu d’échanges et de contacts ?

QE 2. Ces échanges et contacts ont-ils permis :

De découvrir (des idées pour l’action) des stratégies/dynamiques locales et participatives qui ont un impact sur les déterminants sociaux ?
De renforcer la motivation pour agir de cette manière (localement, en intersectoriel, sur des déterminants sociaux) ?

QE 3. Quels ont été les apports respectifs de chacun des types d’activités ?

QE 4. Les participants ont-ils apprécié les choix organisationnels, d’animations de la journée ?

QE 5. L’organisation de ces deux journées répond-elle aux objectifs : La vision des déterminants sociaux de la santé est élargie, la « santé » est restée la thématique principale des échanges de cette biennale, les initiatives locales et participatives ont été mises en valeur
Questionnements évaluatifs relevant des éléments traités par la capitalisation

QE 6. Quels déterminants de la santé ont été évoqués ?

QE 7. Quels leviers ont été identifiés et à quel niveau ? (Local, Régional, Intermédiaire, Fédéral, International)

QE 8. Quelles modalités de valorisation ont été évoquées ou présentées ?

QE 9. A-t-on parlé d’EIS ou de pratiques similaires ?

QE 10. Quelles collaborations intersectorielles ont été citées ?

QE 11. A-t-on identifié des questions, des domaines qui devront faire l’objet de recherches ?

QE 12. Quelles modalités de mobilisation des parties prenantes ont été évoquées, illustrées par des cas concrets ?
Les outils de recueil des données

La variété d’informations collectées par différents intervenants et canaux a participé à enrichir les données d’évaluation tout au long du processus. Les différentes sources d’informations identifiées sont développées ci-dessous.

Une enquête de satisfaction par questionnaire a été distribuée aux 189 participants de la biennale, en français et en néerlandais (version papier et électronique). 55 participants francophones et 10 néerlandophones ont répondu à cette enquête, soit approximativement un tiers des participants. Ces données ont été analysées qualitativement et quantitativement et ont fait d’objet d’un rapport technique[4]. En aval de la Biennale, les résultats de l’enquête de satisfaction ont été commentés lors d’un comité de pilotage.

L’analyse des contenus produits au cours de la biennale a été réalisée sur base du rapport de « valorisation des supports de la Biennale » produit

http://educationsante.be/article/un-exemple-devaluation-participative-et-negociee-la-biennale-ensemble-pour-la-sante-samen-voor-gezondheid-2017/